Alfaro

J’ai lu (dans le Routard je crois) que la statue de Rousseau, sur l’île du même nom, y avait été érigée face au lac de manière à être simultanément à un emplacement objectivement éminent tout en étant à peu près invisible de la population; Rousseau n’était pas alors dans les bonnes grâces de l’élite Genevoise. C’était en 1834. Quelques années plus tard, en 1862, le pont du Mont-Blanc fut construit, donnant à la statue une visibilité fort enviable depuis celui-ci.

Le buste du Général Eloy Alfaro, ancien président de l’Équateur, érigé en 1998 à proximité de la Place des Nations dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, était jusqu’ici à peu près invisible, derrière les broussailles et en retrait de la rue, et inconnu. Suite aux réaménagement de la Place des Nations, et sans bouger d’un poil, le buste du Général Alfaro se retrouve en plein centre d’une vaste esplanade, avec une visibilité on ne peut meilleure.

Je n’aurais pas osé la comparaison d’Alfaro avec Rousseau si elle ne n’avait été suggérée par Gérard Ramseyer, alors président du Conseil d’État, dans son allocution d’inauguration, mais se pourrait-il que celle-ci se continue dans le sort de leurs effigies? L’histoire fait parfois de drôles de répétitions.