Mon gros débat moral ces jours-ci est de décider quel médicament je prends comme prophylaxie (oui oui, c’est pas juste un mot poli pour dire condom ou fluor) pour (ou contre, selon le point de vue) la malaria.
Dans le coin droit, le Lariam (melfloquine), à prendre une fois semaine, efficacité théoriquement la plus élevés des anti-paludéens. Dans le coin gauche, la Doxycicline, à prendre une fois par jour, efficacité un peu moins élevée, un antibiotique éprouvé.
Apparemment, la Malarone (chloroquine et proguanil) ou la Primaquine ne sont pas des bons choix pour moi… Malheureusement, les deux médecins que j’ai rencontrés à ce sujet n’ont pas été des plus limpides dans les explications sous-tendant leurs recommendations.
Le problème, c’est que le Lariam a très très très très mauvaise presse. Au delà des sites web, j’ai entendu les commentaires « C’est du poison », venant de quelqu’un qui a une solide expérience de terrain avec les anti-paludéens. De quelqu’un d’autre, « mon beau-frère en a pris, il allait 2 semaines en Côte d’Ivoire. Il a essayé de tuer ma soeur en revenant d’ailleurs ». On a même blamé en partie les dérapages du régiment aéroporté en Somalie sur les effets du Lariam. Quand un résident en neurologie te dit « Melfloquine? Ah oui, c’est l’fun ca, ça donne des psychoses et on sait pas trop pourquoi », c’est hyper rassurant.
La Doxycicline est un antibiotique souvent prescrit pour traiter l’acné. Il a les effets inhérents à ce genre de trucs, mais à ma connaissance, personne n’a jamais fait de psychose reliées à la doxycicline.
Quoi que les méfaits attribués au Lariam sont en eux même une psychose collective et il est bien difficile de distinguer le raisonnable de l’anecdote.
J’ai pris la dose test de Lariam (1 comprimé par jour durant trois jours) et j’ai été plutôt mal en point, mais j’ai eu plusieurs autres facteurs pouvant expliquer mon état durant cette période et il est difficile d’identifier la cause des effets. Bref je sais pas trop. Il y a quand même au moins une personne a qui j’ai parlé qui a bien toléré le Lariam.
Je suis à la case départ: je crois que les méfaits du Lariam sont exagérés: c’est quand même le médicament le plus prescrit contre la malaria dans le monde et la plupart des gens s’en sortent avec une balance des inconvénients positive. La Doxy est quand même moins efficace et plus contraignante à prendre et n’est pas non plus sans avoir d’effets sur les reins et le foie, mais ils sont étudiés et compris depuis cinquante ans. Ajoutez à ça des histoires où des gens sur le Lariam ont attrapé la malaria alors que leurs collègues s’en tenant aux granules homéopatiques s’est sont tirés indemne et vous avez un gars perplexe.
Le Lariam, ah le lariam !
Faudrait demander à un médecin d’expliquer, mais je crois que ça dépend énormément des gens. Le problème c’est qu’on ne le voit parfois qu’après un certain temps. J’ai eu des expériences assez spéciales avec ce truc en préventif (éblouissements), et j’ai vu des gens avoir de gros pb neurologiques, mais il m’a sauvé la vie en curatif…
Tout dépend aussi de la résistance aux antipaludéens classiques dans la zone où tu vas. (euh, c’est où au fait ?)
Je vais en Inde, pour trois mois. Apparemment, c’est une zone où la résistance à la cloriquine est présente, mais en même temps, on dit qu’il y a des risques à New Delhi en hiver, quand la température tourne autour de 5°C… Je ne sais plus trop qui croire.
Ton compromis est raisonnable: le Lariam en curatif, si besoin il y a. Enfin, on verra bien. Je me laisse encore quelques jours pour décanter tout ca.
J’avais appris qu’en Asie, il n’y avait pas de risques dans les villes, mais je ne sais pas si ça s’applique à l’Inde et on dit tellement de choses sur le palu, chacun a ses trucs, sa recette, sa version, c’est un peu comme les rhumatismes, et on pourrait écrire un livre dessus… un dictionnaire des idées reçues, peut-être ?
La meilleure protection et la première protection, c’est encore de ne pas se faire piquer la nuit : moustiquaire et crème anti-moustiques. Moins il y a de piqures, mieux c’est !
Hé Salut
J’espère que tu vas voir mon message.
Qu’est-ce que tu as pris finalement? Mon RV au MD approche…
La docycycline (euh, je pense que ca s’ecrit comme ca?), avec une vitamine, chaque matin. Mais tu as pas deja pris du Lariam sans problemes toi?
Non… chloroquine mais avec effets secondaires…
Je ne pense pas que les effets secondaires du Lariam soient exagérés. L’institut Pasteur me l’a prescrit il y a 9 ans sans se soucier de me poser des questions ou de m’informer des effets graves. Je n’ai pris que 6 comprimés. Je n’ai eu aucun effets secondaires pendant 1 mois. À mon retour en France, j’ai expérimenté un épisode psychotique (je ne sais pas comment le décrire, déflagration de la pensée consciente?), alors que je n’ai jamais eu de problèmes psychiatriques, dépressifs ou autres auparavant ni aujourd’hui d’ailleurs. Cela a duré environ 2 heures, je ne savais pas ce qui m’arrivait, mais heureusement j’ai eu le réflexe de sortir de chez moi ce qui m’a certainement sauvé la vie (j’habitais au 7e étage). Je n’ai jamais compris ce qui m’était arrivé, c’est seulement maintenant en lisant un article sur le Lariam que je découvre qu’il est la cause d’effets secondaires neuropsychiatriques très sérieux et que chaque personne y réagit différemment. Heureusement pour moi je n’ai plus jamais revécu ça mais je trouve criminel que l’on m’ait prescrit un médicament dont la notice ne spécifiait absolument pas ces effets secondaires très graves; il est évident que les laboratoires Roche le savaient(j’ai travaillé plus tard dans une société d’essais cliniques et il est impossible que ces effets ne soient pas apparus).Il serait temps de le retirer du marché. J’ai eu beaucoup de chance mais ce n’est pas le cas de tout le monde apparemment d’après mes lectures sur le Web. Entre le palu à vie ou plus de vie du tout, chaque personne peut choisir. J’ajoute que l’on m’a prescrit ce médicament alors que j’allais au Zimbabwe,uniquement à Harare, zone où le palu est quasiment inexistant!
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